Revue de littérature

Auteurs

UR 7475 CRFDP :

  • Frédérique Anne RAY, Chercheure Postdoctorale, Université de Rouen Normandie
  • Olivier CODOU, Maître de Conférences, Université de Rouen

Résumé

Introduction

Le réchauffement climatique expose le territoire français à une augmentation importante des risques naturels à horizon 2100 (Ouzeau et al., 2014). À l’échelle de la Normandie, l’élévation de la température atmosphérique moyenne devrait être comprise entre +2 et +6 degrés et la norme de jours de canicule, actuellement comprise entre 0 et 10, pourrait se situer de 10 à 30 jours en 2100 (Laignel & Nouaceur, 2018). La température des eaux du bassin de la Seine pourrait augmenter de 2 degrés, ce qui pose des problèmes de disponibilité de l’eau (le territoire sera probablement confronté à des conflits d’usage entre l’industrie, la distribution d’eau potable et les activités agricoles) mais également de qualité (Kazmierczak et al., 2019). Le risque d’inondation sera également aggravé par l’augmentation des précipitations extrêmes et, le territoire normand étant sous influence maritime, l’élévation du niveau de la mer (Kazmierczak et al., 2019).

Plus précisément sur la ville de Rouen et ses alentours, l’élévation du niveau marin va générer l’augmentation du nombre de jours de crues. Le nombre de jours de vigilance sera multiplié par 3 dans le meilleur des cas (i.e., scénario RCP4.5 du GIEC) et par plus de 6 dans un scénario davantage pessimiste (i.e., scénario RCP8.5 du GIEC), avec une réduction significative des temps de répit entre les événements (Marchand, 2020). De la même manière, les surfaces inondées seront entre 10 à 40 fois ce qu’elles sont actuellement en situation de crues (voir figure 1). De fait, la population concernée par ces épisodes pourrait être multipliée par 28 (Marchand, 2020).

Comparaison des surfaces inondées à Rouen en fonction de la classe d’aléa entre la situation de référence (à gauche) et les projections pour une élévation de 84 cm du niveau marin (à droite) (Marchand, 2020, p.50)1

Face à l’augmentation de ces risques climatiques, la question de la préparation des populations à ces aléas et donc de la culture du risque devient cruciale. En effet, une meilleure connaissance des risques rend davantage possible l’adaptation des populations et donc réduit leur vulnérabilité (GIEC, 2007). Il s’agit dès lors d’accroître les connaissances permettant aux riverains et aux acteurs locaux d’adopter des comportements adaptés en cas de catastrophe, mais aussi, plus généralement, de développer la place occupée par le risque dans les représentations et préoccupations d’une collectivité. D’autant plus depuis la loi de modernisation de la sécurité civile de 2004, qui place le citoyen au cœur de la question de la sécurité, de manière à ce qu’il concoure à sa sauvegarde (Navarro Carrascal, 2022). A ces égards, la prise en compte de la “connaissance naïve” qu’ont les personnes des risques devient de plus en plus nécessaire.

Selon une enquête réalisée par Harris Interactive (2021), les risques climatiques jugés les plus probables par les Français sont les canicules (citées par 69% des répondants) et les orages violents (69%), suivent les vagues de froid (51%) et les inondations (42%). 45 % des personnes résidant en Normandie considèrent que la région est concernée par des risques naturels importants. Ils sont 42% à se dire inquiets à ce sujet. Si cela peut paraître important, la Normandie est la région française où les habitants perçoivent le moins les risques et où le niveau d’inquiétude est le plus faible ; les régions du sud de la France étant celles jugées les plus exposées aux risques naturels. Notons également que 55% des interrogés déclarent être bien informés sur les risques naturels qui les concernent, laissant apercevoir une marge de progression significative.

La perception des risques est un préalable indispensable à la mise en place des comportements permettant de s’adapter convenablement à un aléa, voire de le prévenir (Chadenas et al., 2022 ; Navarro Carrascal, 2022). En effet, selon la théorie de la motivation à la protection (i.e., Protection Motivation Theory ; PMT ; Rogers, 1975), on peut envisager le comportement de protection comme la résultante de deux facteurs : (i) le niveau de menace perçue et (ii) l’efficacité perçue des comportements de protections. Si la menace perçue ou l’efficacité perçue des recommandations sont faibles, alors les personnes ne se protégeront pas (Blondé & Girandola, 2016). En conséquence, la perception des risques est un enjeu fondamental en ce qu’elle constitue le prérequis à l’acculturation des populations au risque. À ce titre, Navarro Carrascal (2022) avance que « l’efficacité des mesures de prévention des risques environnementaux dépend, en grande partie, de la connaissance qu’ont les habitants des menaces auxquelles ils sont exposés » (p.29).

Dans l’ensemble, les risques naturels identifiés comme les plus probables (canicule, froid et orages violents) sont aussi ceux pour lesquels les Français se sentent davantage préparés (Harris Interactive, 2021). Ainsi, 73% des personnes déclarent qu’elles sauraient quoi faire si elles étaient confrontées à une canicule. La proportion tombe à un Français sur deux lorsque l’on réfère aux inondations. Si le fait que 85% des personnes interrogées mentionnent le fait qu’elles ne prendraient pas la voiture dans un tel cas de figure peut être une satisfaction, elles sont également 72% à déclarer qu’elles iraient chercher leurs enfants à l’école. Concernant les habitants du bassin versant Austreberthe-Saffimbec, seulement 36% d’entre eux déclarent bien connaître les procédures et précautions à prendre pour faire face à une inondation (53% pour les personnes dont les logements sont situés en zone inondable) et 41% pensent qu’aller chercher les enfants pour les mettre en sécurité est une conduite adaptée (Enov, 2018). Ces éléments, parmi d’autres, donnent à voir que si l’acculturation aux risques de la population normande progresse (voir aussi à ce sujet l’évolution entre les enquêtes Enov de 2014 et de 2018), il reste des marges de manœuvre non négligeables.

Pourquoi s’intéresser à la perception des risques climatiques ?

Comprendre comment les personnes perçoivent les risques climatiques permet :

  • De faire un état des lieux sur le niveau de préparation de la population ;
  • D’identifier d’éventuels freins au changement de comportement ;
  • D’adapter la communication institutionnelle ;
  • De comprendre le greengap (i.e., l’écart entre ce que les gens pensent et ce qu’ils font en matière de comportement pro-environnementaux) ;
  • De placer les citoyen.ne.s au cœur des questions de sécurité et d’environnement et d’initier une acculturation aux risques climatiques.

Données et méthodes

Les connaissances présentées dans cette fiche sont la somme d’une revue de littérature scientifique internationale récente, essentiellement en psychologie sociale et environnementale, mais pas exclusivement. Des recherches en géographie, sociologie et anthropologie ainsi que des travaux réalisés par des instances étatiques (e.g., DREAL) et des groupes d’experts (e.g., GIEC) ont aussi été intégrés. Ce travail s’appuie sur un ensemble de plus de 120 références incluant articles scientifiques, rapports, livres, enquêtes d’opinion et thèses.

Résultats, analyse et interprétation

Quels facteurs2 favorisent une « bonne » perception des risques climatiques ?

Nous parlons de « bonne » perception des risques lorsque la perception subjective des personnes se rapproche des menaces réelles objectivées par un consensus scientifique.

La perception des risques climatiques peut être conceptualisée comme un construit bi-dimensionnel impliquant une perception des risques pour la société (i.e., social risk) et pour soi (i.e., personal risk).

Ces deux types de perception ne se rejoignent pas systématiquement. En effet, nous avons tendance à plus considérer les risques pour la société que les risques pour soi.

Les principaux facteurs des perceptions des risques climatiques sont :

  1. La distance psychologique ou la mise à distance de la menace par rapport à soi :

Selon la théorie des niveaux de construits (i.e., construal-level theory ; Trope & Liberman, 2010), les personnes se représentent les objets de manière plus ou moins abstraite. Plus un objet a un “niveau de construit élevé” (i.e., requiert des opérations cognitives comme l’imagination pour se le figurer), plus il est perçu comme abstrait ; et inversement (Navarro, 2022). Un haut degré d’abstraction entraîne un haut niveau de “distance psychologique“. Ainsi, si l’on demande aux personnes de réfléchir sur des éléments de bas niveau du construit (e.g., description d’une situation) plutôt que sur des éléments de haut niveau (e.g., l’explication d’une situation), cela les amène à penser que la situation est davantage proche d’eux (sur le plan temporel et spatial ; Liberman et al., 2007).

Cela renvoie à des mécanismes cognitifs qui nous amènent à percevoir le changement climatique comme éloigné et abstrait. Ce facteur se décompose en trois dimensions.

  • Dimension temporelle : « c’est pour dans longtemps » ;
  • Dimension spatiale : « en France et en Normandie, nous serons épargnés » ;
  • Dimension sociale : « cela concerne des gens différents de moi ».

Ces différentes dimensions sont interdépendantes (Guillard, Fleury-Bahi & Navarro, 2021). Ainsi, les événements les plus probables sont interprétés de manière plus concrète que les événements moins probables : les conséquences concrètes viendront facilement à l’esprit lorsque l’on pense à la grippe commune, tandis que les conséquences associées à la contraction d’une maladie rare, comme la maladie de Lyme, seront abstraites (Zwickle, 2014).

Le changement climatique et les risques naturels qui lui sont associés se caractérisent fréquemment par une forte distance psychologique, impliquant la représentation d’un phénomène futur (distance temporelle) problématique pour des territoires lointains (distance spatiale ou géographique) et des personnes inconnues (distance sociale). Les conséquences du changement climatique sont parfois considérées comme temporellement, spatialement et/ou socialement distantes.

Il faut également mentionner que la manière dont est évoqué le changement climatique favorise la distance psychologique. A ce propos, Hulme (2008) énonce : « en présentant le changement climatique comme un problème mondial, éloigné et non situé par rapport à l’univers mental d’un individu, nous permettons aux citoyens de verbaliser facilement une préoccupation superficielle à l’égard du problème, mais une préoccupation qui n’est pas accompagnée d’un grand enthousiasme pour un changement de comportement »3 (Hulme, 2008, cité par Devine-Wright, 2013, p. 62) ; d’où, entre autres, les appels répétés à adapter la communication à des enjeux locaux (e.g., Babutsidze et al., 2018 ; Brügger et al., 2015 ; Spence et al., 2012).

Il s’agira donc ici de réduire cette distance psychologique pour favoriser une bonne perception des risques climatiques.

En miroir de la distance psychologique, la perception des risques est influencée par une composante plus individuelle, l’expérience personnelle.

2. L’expérience personnelle : avoir vécu un épisode météorologique extrême. Plus précisément le point central est ici l’interprétation que l’on fait de cet évènement (est-ce que la personne lie cet évènement au changement climatique ?)

En France, en 2017, 55% des personnes rapportent avoir vécu au moins une fois un phénomène météorologique extrême (e.g., tempête, feu, sécheresse, inondation ; Babutsidze et al., 2018). L’expérience personnelle de tels aléas pourrait favoriser la perception des risques, en ce qu’elle peut être associée à des émotions fortes, mémorables et marquantes, devenant ainsi dominantes dans le traitement des stimuli relatifs aux risques (Loewenstein et al., 2001). À ce titre, Guillard et al. (2019) ont montré que l’expérience directe d’une inondation, en rendant le risque plus concret, plus réel, est associée à la baisse de la distance psychologique et favorise, par conséquent, une meilleure perception du risque. Frondel et al. (2017) mettent en évidence des résultats similaires pour les vagues de chaleur et les tempêtes

Le changement climatique étant, nous l’avons dit, un phénomène essentiellement indirectement perceptible, l’expérience d’événements climatiques extrêmes peut être considérée comme un moyen d’en faire l’expérience (van der Linden, 2015). Néanmoins, certaines recherches sur ce prédicteur nuancent ces arguments théoriques. Si l’expérience personnelle d’événements météorologiques extrêmes est effectivement associée à la perception des risques climatiques en général, la corrélation est faible à moyenne (r = .22 ; p. <. 001 dans l’étude de van der Linden, 2015) et la part de variance expliquée apparaît dérisoire au regard d’autres prédicteurs (à peine plus de 1% ; toujours dans l’étude de van der Linden, 2015). Lorsque l’on fait la distinction entre le risque perçu pour soi et pour la société, on remarque que l’expérience personnelle est un prédicteur significatif du risque personnel, mais pas du risque sociétal (van der Linden, 2015). Cela semble indiquer que l’expérience personnelle permettrait de réduire la distance psychologique et de favoriser le sentiment d’être impliqué, d’être concerné par le changement climatique. Notons, toutefois, qu’un lien explicite doit être fait pour que les personnes attribuent leur expérience de phénomènes extrêmes au changement climatique. En effet, l’expérience directe de l’évolution des conditions environnementales a un pouvoir explicatif certes réel mais faible. En revanche, l’interprétation qui est faite de ses changements, soit la perception subjective d’expérimenter des phénomènes liés au changement climatique, apparaît importante. Ainsi, les événements météorologiques extrêmes doivent être interprétés par les experts et les médias comme étant en lien avec le changement climatique : pas uniquement parce que les liens sont parfois compliqués à établir et à comprendre pour la population générale, mais aussi parce que l’expérience est socialement construite (Marlon et al., 2019).

3. Les connaissances, tant au niveau global qu’au niveau local :

Il est consensuellement reconnu que des éléments factuels concernant le changement climatique sont des éléments requis, préalables à l’estimation de la probabilité et de la sévérité du changement climatique et des risques qui lui sont inhérents (van der Linden, 2015) . À ce titre, les risques objectifs sont un critère essentiel de l’étude des risques perçus (e.g., De Dominicis et al., 2015), ne serait-ce que pour évaluer de l’adéquation de cette perception. Les travaux existants (e.g., Milfont, 2012), rapportent que le niveau de connaissances sur le changement climatique prédit positivement la perception des risques climatiques (van der Linden, 2015), sachant que l’état des connaissances factuelles en France sur le changement climatique serait relativement mauvais (Babutsidze et al., 2018).

En distinguant l’influence des connaissances à propos des causes, des conséquences ou des moyens d’atténuation du changement climatique, il apparaît que les connaissances à propos des causes n’influencent pas ou peu la perception des risques climatiques, au contraire des connaissances concernant les conséquences et, surtout, sur les moyens d’atténuation (Gilbert & Lachlan, 2023 ; van der Linden, 2015). On notera aussi que cette influence sur la perception des risques se comprend davantage au travers de l’effet des connaissances sur la perception des risques sociétaux. En effet, le niveau de connaissances ne semble pas associé au risque perçu pour soi (van der Linden, 2015). Selon van der Linden (2015), cela indique que les connaissances descriptives, scientifiques, participent de la compréhension du changement climatique au niveau global, comme objet social, sans forcément permettre l’implication personnelle, la sensation d’être concerné personnellement. Et ce, d’autant plus si on considère que les connaissances sur les conséquences au niveau mondial du changement climatique sont meilleures que celles relatives à la France (Babutsidze et al., 2018).

La distinction entre les connaissances globales du changement climatique et l’implication personnelle à un niveau local peut s’expliquer par une difficulté à pouvoir se définir, d’un point de vue identitaire, en tant que citoyen du monde. En effet, en lien avec ce que nous avons dit à propos de la distance psychologique, savoir qu’il se passe quelque chose au niveau mondial a moins de conséquences pour soi que savoir qu’il se passe quelque chose au niveau local (i.e., proche de la personne). De fait, afin de favoriser l’implication personnelle, il peut s’agir de développer les connaissances des conséquences du changement climatique de manière plus proximale.

Complémentaire du paramètre de la proximité, le paramètre d’attachement au lieu va également influencer la perception du risque. Autrement dit, au-delà de la proximité, le fait d’être attaché à un objet (au sens large, ici un lieu ou un territoire), de l’intégrer comme “important pour soi“, peut modifier la perception des risques concernant cet objet.

4. L’attachement au lieu (Moser, 2009) concerne le lien subjectif que l’on entretient avec un lieu (forêt, rivière, quartier, etc..). Ce lien peut permettre d’être plus vigilant aux risques auxquels est exposé ce territoire et favorise les comportements de préservation :

Il est généralement défini par une emphase affective, par exemple, Félonneau (2003) le décrit comme « une puissante conscience émotionnelle d’appartenance à la fois à un lieu et à un groupe localisé » (cité par Navarro Carrascal, 2022, p. 47). Plus précisément, il désigne un ensemble tripartite incluant un lieu (avec des caractéristiques sociales et physiques), une personne (avec des caractéristiques dispositionnelles et des appartenances sociales) et un processus psychologique (Scannel & Gifford, 2010). Le processus d’attachement au lieu se traduit à la fois par des aspects cognitifs (e.g., souvenirs, connaissances du lieu, “sens du lieu“), affectifs (e.g., amour du lieu, fierté, bien-être) et comportementaux (e.g., comportement de maintien de la proximité, reconstruction après une catastrophe ; Scannell & Gifford, 2010).

Ce lien affectif entre une personne et un lieu influencerait la perception du risque, mais aussi les attitudes et les comportements d’adaptation face aux risques (Navarro Carrascal, 2022). Cela dit, les recherches actuelles donnent à voir des inconsistances dans la manière dont l’attachement au lieu est lié à la perception des risques  (De Dominicis et al., 2015 ; voir Bonaiuto et al., 2016 pour une revue). Par exemple, le travail de Armas (2006) montre qu’un lien affectif fort avec le lieu de résidence principale conduit les personnes à se sentir en sécurité et à minimiser les risques auxquels ils peuvent être exposés (dans ce cas-ci, le risque de séisme). Cependant, des recherches démontrent également que l’attachement au lieu peut contribuer à amplifier la perception des risques (e.g., Bernardo, 2013 ; Guillard et al., 2021). En France, une étude sur les risques côtiers, conduite sur la côte atlantique, met en évidence un lien faible mais positif (r = .08, p < .05) entre l’attachement au lieu et la perception des risques d’érosion de la côte (Chadenas et al., 2022). Le travail de De Dominicis et al. (2015) donne à voir que les risques d’inondations perçus par les riverains de villes italiennes menacées par des épisodes de submersion sont associés positivement à l’attachement au quartier (r = .26, p <.001 ; étude 1), mais cette association n’est pas reproduite par la suite (ns ; étude 2). Néanmoins, dans des études sur la perception des risques d’inondations en France, l’attachement au lieu semble engendrer une meilleure acceptation du risque (voir Weiss et al., 2011). Ces quelques exemples donnent à voir les difficultés de la compréhension de l’effet de l’attachement au lieu sur la perception des risques climatiques tant les études rapportent parfois un effet positif, négatif ou inexistant (voir Bonaiuto et al., 2016 pour une revue).

Face à ces résultats parfois incohérents, Bernardo (2013) propose que l’attachement au lieu favorise la perception des risques (objectivement) probables et atténue la perception des risques (objectivement) peu probables (mais éventuellement davantage dangereux). Des recherches, notamment longitudinales, restent nécessaires pour mieux comprendre l’effet de l’attachement au lieu. Il est vraisemblable que l’attachement spatial n’ait pas un effet simple et univoque sur la perception des risques et la manière de s’y adapter. Au contraire, il viendrait modifier, modérer, l’effet d’autres variables (De Dominicis et al., 2015). Cela étant dit, en l’état des connaissances, le résultat le plus fréquemment obtenu reste une relation positive entre l’attachement au lieu et la perception des risques environnementaux. En général et à travers les cultures, les personnes davantage attachées au lieu en question sont davantage conscientes des risques objectifs auxquels ce territoire signifiant est exposé ; et ceux indépendamment du risque objectivé (Bonaiuto, 2016).

L’attachement au lieu est une composante affective et est associé aux émotions négatives ressenties face à la conscience d’un risque pour le territoire signifiant. A ce titre, face à une information visuelle (e.g., simulation du territoire en 2100 basé sur les trajectoires du GIEC), l’expression d’émotions négatives (i.e., inquiétude, tristesse, peurs et colère) est associée à l’attachement au lieu (r = . 38, p <. 01 ; Chadenas et al., 2022) ; probablement car l’attachement au lieu est associé à des motivations de protection envers le lieu (Daryanto & Song, 2021 ; Devine-Wright, 2009). Il peut ainsi constituer un levier affectif intéressant compte tenu de l’importance de l’affect dans la perception du risque.

5. L’affect et heuristique d’affect :

Si les émotions ont longtemps été considérées, dans une tradition platonicienne, comme antagonistes à une pensée rationnelle et analytique, les années 80-90 marquent un « tournant émotionnel » en sciences sociales et particulièrement en sciences politiques et en psychologie (Brader, 2005). Les propositions théoriques de Damasio (1994) et de Schwarz (1990) rompent avec la tradition dualiste héritée de Descartes et intègrent l’émotion comme un élément nécessaire à une évaluation adaptée des situations. En effet, l’expérience permet l’association entre des situations et des conséquences souhaitables, indésirables ou dangereuses. Ainsi, dans une situation, les personnes comparent les informations issues de cet environnement à ce qui est enregistré en mémoire. Face à une situation familière, soit une situation assimilable à un élément connu, la « réaction instinctive » des personnes est déterminée par l’association entre ce nouveau stimulus et les connaissances antérieures. Autrement dit, une comparaison s’opère entre les informations nouvelles et ce qui est enregistré en mémoire (Brader, 2005). Ces associations déclenchent des émotions, comprises comme des réponses adaptatives à des évaluations situationnelles, qui nous permettront de réagir via des modifications du traitement de l’information, de la motivation et de la physiologie (DeSteno et al., 2004). Dès lors, la raison ne peut plus être séparée de ses racines émotionnelles (Marcus, 2003) et l’étude des affects et des émotions ne peut pas être mise de côté dans la compréhension du traitement des informations.

Pour Zajonc (1980), les réactions affectives sont les premières réactions aux stimuli. Elles adviennent de manière automatique et influencent le traitement de l’information et les jugements formulés. Il semble que l’affect associé à un objet cible soit parfois utilisé comme un proxy pour la valeur de la cible (i.e., « cela est agréable donc cela doit être désirable » ; e.g., Damasio, 1994 ; Schwarz & Clore, 1983). On parle ainsi d’heuristique d’affect (Finucane et al., 2000) et de “risk-as-feeling” (Loewenstein et al., 2001).

Les heuristiques sont d’autant plus susceptibles d’être utilisées qu’une situation ou qu’un objet cible est complexe. Dans le cas du changement climatique, le jugement porté sur le risque est particulièrement complexe, ce qui suggère que la charge affective associée à ce phénomène peut avoir un poids particulièrement important dans la perception des risques climatiques (van der Linden, 2015). Des travaux confirment l’importance considérable de l’affect en tant que prédicteur de la perception des risques climatiques. Dans l’étude de van der Linden (2015), la valence (i.e., plaisant / déplaisant) associée à l’objet “changement climatique” explique à elle seule près de 21% de variance dans la perception des risques climatique (r = .54, p < .001). Dans celle de Xie et al. (2019), l’association entre la perception du risque et l’affect est encore plus importante (r = .73, p < .001). Dès lors, il semble bien que « la dimension émotionnelle fasse partie intégrante de la perception d’un risque » (Navarro Carrascal, 2022, p.43). Illustrer un épisode de canicule avec des enfants jouant gaiement dans une fontaine éloigne probablement la population d’une juste compréhension des enjeux.

6. Les normes sociales :

Dans la mesure où le risque est un construit intrinsèquement social, il est nécessaire, lorsque l’on étudie ses déterminants, de prendre en compte les influences interpersonnelles, culturelles voir idéologiques (van der Linden, 2015 ; Navarro Carrascal, 2022). A ce titre, les médias jouent un rôle crucial dans la diffusion d’une représentation sociale du risque parmi celles existantes au sein des différents groupes sociaux. L’étude de l’influence des normes sociales permet d’approcher le rôle joué par ces facteurs sociaux (van der Linden, 2015).

Les normes sociales (i.e., forme de règles produites par un groupe donné sur la manière de se conduire ou de raisonner) peuvent être divisées en deux types : les normes descriptives et les normes prescriptives (Cialdini et al., 1991). Les normes prescriptives (ou injonctives) renvoient à des règles informant sur ce qui doit être fait, sur la « bonne » manière de se conduire. Les normes descriptives réfèrent quant à elles à ce qui est fait par la majorité des autres membres d’un groupe social. Une norme descriptive est ainsi basée sur la prévalence d’une manière de se conduire (Lapinski & Rimal, 2005). Précisons que les normes peuvent référer à des comportements (i.e., norme de comportements) mais également à des jugements (i.e., norme de jugement). Dans le cadre de la perception de risques climatiques, il s’agit d’étudier l’effet de normes prescriptive et descriptive de jugement.

Les rares travaux incluant l’étude des normes tendent à montrer l’importance fondamentale de ces facteurs. En effet, les normes descriptives et prescriptives apparaissent fortement corrélées avec la perception des risques climatiques (respectivement r = .51, p <. 001 et r = .62, p <. 001 dans l’étude de van der Linden, 2015 ; r = .49, p <.001 et r = .61, p < .001 dans celle de Xie et al., 2019).  Dans le travail mené par Gilbert & Lachlan (2023), les normes prescriptives expliquent jusqu’à 20% de la variance dans la perception des risques.

Il apparaît ainsi que plus une personne perçoit que son entourage et/ou les personnes significatives pour elle reconnaissent et agissent face au changement climatique, plus la perception des risques climatiques est importante (van der Linden, 2015).

En complément de l’intérêt porté aux normes sociales statiques (c’est-à-dire aux normes prescriptives et descriptives dominantes à un instant T), on notera également l’importance de prendre en compte les normes dynamiques. Ces dernières réfèrent aux informations que les personnes ont sur la manière dont le comportement des autres change à travers le temps (Sparkman & Walton, 2017). A ce titre, les recherches de Sparkman et Walton (2017) montrent par exemple que la réduction de la consommation de viande peut être motivée par une norme dynamique pro-environnementale (i.e., l’information que les personnes tendent à diminuer leur consommation de viande) malgré des normes statiques dominantes encore favorables à l’alimentation carnée (i.e., il y a davantage de personnes carnivores que végétariennes). Des effets comparables sont retrouvés à propos de la consommation d’eau en période de sécheresse (Sparkman & Walton, 2017).

Conclusion et perspectives

Pour clore cette fiche, nous souhaitons insister sur le fait que pour optimiser la perception des risques climatiques, il est possible d’influencer plusieurs de ces déterminants (distance psychologique, connaissances, attachement au lieu) en territorialisant le visage du changement climatique  (Ray & Codou, 2023 ; van der Linden, 2015). Autrement dit, rendre actuel, concret et local les conséquences du changement climatique. En effet cela pourrait permettre :

  • De connecter psychologiquement l’expérience personnelle aux conséquences du changement climatique ;
  • De développer une perception des risques pour soi (et pas uniquement pour la société) en favorisant le développement d’une connaissance locale du changement climatique ;
  • D’utiliser l’attachement à un territoire menacé comme levier d’action ;
  • De favoriser des affects qui évitent le déni et impulsent une dynamique d’action.

Bibliographie (non exhaustive)

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  1. La situation de référence correspond à la cote maximale atteinte pendant la période 2016-2020 (Marchand, 2020) ↩︎
  2. Nous ne traiterons pas des déterminants plus collectifs comme la vision du monde, la culture ou l’idéologie mais uniquement des déterminants individuels. ↩︎
  3. Citation originale : « by constructing climate change as a global problem, one that is distanced and un-situated relative to an individual’s mental world, we make it easy for citizens to verbalise superficial concern with the problem, but a concern belied by little enthusiasm for behavioural change ». ↩︎